Le temps des camarades

Un itinéraire communiste, de l’antifascisme au « titisme ».

Sous le titre Le temps des camarades, Michel Buenzod a fait imprimer le roman d’un espoir malmené. Le rêve et l’action communistes, il les a vécus comme une passion, non sans romantisme, avec l’intraitable persévérance de la foi. Ce livre qui brasse avec force et sans que le rythme fléchisse, la matière d’une existence qui épousa le siècle est justement comme une histoire subjective de soixante-dix ans de communisme. Il force le respect et appelle l’émotion. La qualité du témoignage, pudiquement masqué dans la fiction, tient à la sincérité sans compromis de celui qui se souvient : par touches brèves, vivantes et vibrantes, il reconstitue l’itinéraire d’une conscience engagée, ses contradictions, ses naïvetés, ses blessures. Il le fait avec scrupule et honnêteté, sans cette complaisance à l’autocritique qui rend souvent suspects les bilans de cette sorte. Depuis les années trente et la guérilla contre les ligues d’extrême droite jusqu’à l’effondrement de la « maison » soviétique rien n’est omis des heurs et malheurs d’une existence militante, ni l’attachement pieux à Staline, ni le doute provoqué par le pacte germano-soviétique, l’activité illégale pendant la guerre dans une Suisse soucieuse de son immunité, l’hésitation pendant « l’hérésie titiste », les affaires Lyssenko, Kravtchenko, etc. Tout y est, y compris la douloureuse exclusion d’un Parti – ici le Parti du travail helvétique – qui était tout, le lieu de l’identité, de l’affection et des raisons de vivre.

Coédition avec Éditions de l’Aire.